Je souhaite aborder cette semaine un sujet habituellement sous-estimé,
celui de la souffrance vécue par l’entourage familial d’une personne en
burnout. Comme vous avez pu le constater au travers de l’histoire de M.Toutlemonde, la victime de burnout n’est pas la seule à souffrir. Au fil des
mois, le comportement de la victime change au point d’atteindre ce que l’on
appelle un état de dépersonnalisation. Cela signifie simplement que les
qualités qui sont habituellement les siennes semblent disparaître et que son
caractère se modifie pour devenir de plus en plus difficile. Le conjoint et les
enfants ne reconnaissent plus la personne qu’ils aiment et se sentent perdus
voire même trahis.
Lorsqu’un père ou une mère de famille donne un image de lui
ou elle très forte, comme c’est souvent le cas, l’entourage est habitué à
compter sur une stabilité, une permanence de cet état. Lorsque ce n’est plus le
cas, la perte de repères vécue par l’entourage est une véritable source
d’angoisse pour chacun. Différentes attitudes s’observent dans les couples. Certains conjoints acceptent la situation,
d’autres cherchent à « sauver » l’autre de lui-même et certains enfin
ne peuvent que rejeter cette réalité tant elle est anxiogène, ce qui peut
pousser à carrément rejeter le conjoint comme un élément dangereux pour le
groupe familial. Aucune de ces attitudes n’est à juger négativement, elles ne
sont que le reflet d’un processus de deuil. Celui du conjoint parfait et stable
qui était nécessaire à l’équilibre de la famille.
Pour les enfants, la souffrance est également présente.
N’ayant pas le recul et la maturité d’un adulte, ils vont chercher à comprendre
ce qui se passe dans leur référentiel. Papa
est fâché, est-ce que j’ai fait quelque chose de mal ? Il n’a plus de
temps pour moi, est-ce que je l’intéresse encore ? Est-ce qu’il m’aime
encore ? Il crie tout le temps alors il est méchant ? Ces
questions naïves sont pourtant légitimes dans la tête d’un enfant… Que peut
faire ce dernier face à de telles interrogations ? L’idéal serait évidemment
qu’il puisse les adresser à un autre adulte, que cela soit son autre parent,
ses grands-parents, son enseignant etc… Mais pour que l’enfant y trouve une
aide, encore faudrait-il que cet adulte puisse lui expliquer en termes simples
ce qui se passe ! Et cela présuppose qu’il soit lui-même au courant de la
situation et qu’il soit en mesure de lui donner les informations nécessaires
sur un processus de burnout. Pas si simple…
L’enfant qui ne peut comprendre ce
qui se passe va s’angoisser et manifester son malaise en changeant son
comportement. Agressivité, impertinence, repli sur soi sont des attitudes
fréquemment observables dans ces situations. Poussées à l’extrême, ces
attitudes vont amener les parents ou l’enseignant à diriger l’enfant vers un
professionnel. Celui-ci pourra alors évaluer la situation et repérer chez le
parent concerné les signes de burnout. Il aidera ainsi l’enfant à comprendre qu’il
n’est pas responsable de l’état de son père ou de sa mère. Il s’agira ensuite
de définir clairement aux yeux de l’enfant que la personne qui a besoin d’un
accompagnement est d’abord la victime de burnout et non lui, dans le cas
contraire cela renforcerait le sentiment qu’il « est » le problème.
Dans ma pratique professionnelle, lorsque des enfants font
parties de la cellule familiale d’une personne en burnout, je propose
systématiquement de rencontrer les enfants afin de leur donner les explications
qui leur sont nécessaires pour comprendre ce qu’il se passe. Je suis toujours
fortement impressionnée par leur capacité à comprendre et à faire des liens
avec ce qu’ils ressentent. Ils ont une extraordinaire facilité à accepter la
réalité car ils sont ouverts à l’apprentissage et n’ont pas encore de
résistance liée aux tabous tels que le fait qu’un adulte doit être fort,
parfait, toujours opérationnel.
Vous même mes lecteurs, si vous êtes concerné de près ou
de loin par le phénomène de burnout, vous pouvez servir de relais auprès des
enfants concernés. N’hésitez pas à donner les informations sur tout ce que vit
le parent concerné. En mettant des mots sur ce qu’ils ressentent, vous éviterez
qu’ils ne se culpabilisent et vous limiterez la souffrance qu’ils ressentent.
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