Cette
semaine, nous allons aborder la situation des femmes et des hommes qui
travaillent à des postes subalternes dans des milieux de productions. Ils n’ont
pas de responsabilités, pas de « défi managérial » à relever alors on
considère à tort que le phénomène du burnout ne les concerne pas. Or quel que soit
le secteur, ces « petites mains » ont en commun d’effectuer un
travail manuel répétitif et sont tenues d’atteindre des quotas de productivité.
Pour
comprendre en quoi cette catégorie de personnes est candidate au burnout, il
faut se référer à la description de trois
facteurs de stress principaux dans les activités professionnelles :
L’absence de maîtrise de
la tâche demandée. Si
l’on vous demande d’effectuer une tâche pour laquelle vous n’avez pas les
compétences nécessaires, vous allez éprouver de l’anxiété et votre stress va
augmenter.
L’absence d’autonomie
concernant la tâche. Pour
réaliser une tâche, vous devez disposer des compétences ET des moyens
nécessaires à sa réalisation. Par moyens, j’entends : le matériel, le
temps, l’espace et les collaborations nécessaires. Si l’on vous demande de
déplacer 50 tonnes de gravier dans la journée sans machines ni brouettes, vous
êtes face à une situation de crise.
L’absence de sens et
d’utilité de l’activité. Quoi de plus démotivant que de travailler dans
le vide, en sachant que ce que l’on fait n’a pas de sens ou que c’est inutile ?
Etre forcé de produire à longueur de journée un article dont on a bien repéré
les défauts, devoir déplacer ce fameux tas de gravier à gauche alors que l’on
sait que demain on vous demandera de le remettre là où il est aujourd’hui. Ces
exemples peuvent vous paraître absurdes mais illustrent une forme de violence. Cette
violence nous pousse à agir contre nos valeurs et le « bon sens » ce
qui ronge toute motivation et génère une grande quantité de stress.
Revenons à
nos « petites mains ». En général, elles maîtrisent bien les tâches
qui leur sont confiées, le premier facteur de stress n’est donc pas relevant.
Le second, en revanche est souvent pertinent. Lorsqu’une direction demande à
atteindre des quotas de production toujours plus élevés, elle prive ses
« petites mains » d’une ressource indispensable à la réalisation de
ses tâches : le temps.
Je prends
l’exemple d’une de mes clientes qui travaillait dans une société de livraison de produits commandés par internet. Elle devait préparer un certain nombre de
colis par heure. Les produits étant stockés dans un entrepôt immense, elle
devait courir d’un endroit à l’autre pour réunir
les objets nécessaires à l’envoi. Atteindre son quotas d’expéditions étant une
condition sine-qua-non à la perennité de son emploi, cette cliente acceptait
bousculades et blessures légères comme des éléments de son cahier des charges.
Concernant le
troisième facteur de stress, un ouvrier va ressentir que son travail n’a aucun
sens si les conditions ne sont pas réunies pour lui permettre de garantir une
production de qualité. S’il doit « bacler » son travail, il ne
comprendra plus l’utilité de son intervention. De répétitif, son travail
deviendra aliénant et potentiellement dévastateur.
La question
du sens donné à son travail est liée aux choix et aux valeurs des individus.
Certaines personnes pourraient trouver insoutenable de travailler dans la
production de cigarettes qui tuent des gens à petit feu alors que d’autres
pourraient être fières de contribuer à la stabilité financière de leur famille
en étant salariées d’une multinationale du tabac. Dans le cas où les valeurs s’opposent
à l’action demandée, le travailleur vit un stress important.
Vous
comprenez maintenant aisément que le travail du bas de la chaîne comporte
autant de risque d’épuisement que celui des sphères managériales supérieures
qui eux font face au stress des responsabilités…
Bonne semaine
à tous !
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